Les Fantômes de Detroit


Je n'arrive pas à croire que j'ai attendu si longtemps pour lire du Elmore Leonard. Justified, Get Shorty, Jackie Brown... Ce gars-là a été une machine à bonne histoire. 26 de ses romans ou nouvelles ont connu une adaptation au cinéma ou à la télévision. C'était une épée, aussi à l'aise dans le western que dans les histoires criminelles...

Et donc ce roman se déroule dans les années 80, à Detroit. On y croise une sacrée brochette de perdants : un ancien poseur de bombe qui s'est recyclé dans les effets spéciaux au cinéma, son ancienne complice qui sait faire en sorte que les hommes agissent selon son bon vouloir, un flic qui en a marre d'enquêter sur des incendies car il pue la fumée toute la journée, un millionnaire débile et obèse secondé par un homme à tout faire avec un passé de Black Panther, une nana qui prétend avoir été violée par le millionnaire en question... Tout ce beau monde se pense bien intelligent et en mesure de manipuler les autres pour mettre la main sur quelques millions de l'abruti qui en a trop, mais tout va aller de travers à mesure qu'ils vont essayer de s'escroquer les uns les autres.

C'est un roman tout en dialogue, ça déblatère à tout va. C'est loin d'être un défaut : Elmore Leonard était une pointure en ce qui concerne la parlote des petits minables qui lui servaient de protagonistes. Ça jacte, ça fait des plans sur la comète, ça change d'idée comme de chemise, ça baise un coup en cogitant à un moyen d'empapaouter son complice, ça prend de l'acide en se souvenait du bon vieux temps de Woodstock... Bref, c'est Jackie Brown sans la BO de Tarantino et sans la présence de Pam Grier.

Et finalement, je pense qu'Elmore Leonard a été si présent dans le cinéma et la télévision que j'ai aimés que ses histoires me sont devenues sans surprise. Je me doute bien qu'ils se sont énormément inspirés du bonhomme, mais les frères Coen ont déjà largement traité le genre des plans foireux et des criminels imbéciles. Alors oui, j'ai ricané en lisant ce roman qui fait penser à une partie de Fiasco, mais j'ai surtout eu l'impression en lisant pour la première fois du Elmore Leonard qu'il racontait tout le temps le même genre d'histoire. C'est très bien écrit, mais c'est ironiquement du mille fois déjà-vu car l'auteur a bombardé nos écrans avec son talent, si bien que ses histoires finissent par manquer d'originalité. Un vrai paradoxe.

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